Avant, tous les pêcheurs de l’Union européenne pouvaient pêcher dans les très poissonneuses eaux britanniques… mais ça, c’était avant … avant que les Britanniques ne décident de quitter l’union. La pêche a même compté parmi les thèmes mis en avant par les candidats au Brexit. Ils promettaient qu’en quittant l’UE, le Royaume-Uni le pays retrouverait sa souveraineté sur ses eaux et ainsi les pêcheurs de sa Majesté n’auraient plus à craindre la concurrence européenne. Il faut dire que le chiffre d’affaires des pêcheurs britanniques était inférieur au chiffre d’affaires cumulé des Européens, ce qui créait des crispations.
Au moment des négociations pour la sortie de l’Union européenne, Londres a donc voulu empêcher autant que possible que les pêcheurs européens viennent pêcher dans ses eaux. Malgré tous ses efforts, les Anglais ont dû céder devant l’opposition européenne. Les négociations des accords de libre échange avec l’UE ont été âpres et Londres a finalement été obligé de céder face à l’opposition farouche des Européen et a signé un accord qui garantissait l’accès des pêcheurs de l’UE aux eaux britanniques. Ce qui, on l’imagine, a été très mal accepté outre-manche par les professionnels de la pêche.
Les pêcheurs français n’ont pas crié victoire pour autant. Et se disent extrêmement mécontents de la situation. Alors qu’ils comptaient bien pouvoir pêcher librement en respectant ces nouveaux quotas, ils se sont heurtés à l’intransigeance des autorités britanniques qui étaient bien décidées à leur rendre la vie impossible par tous les moyens légaux. Le cas de Jersey est très caractéristique. Les autorités de l’île ont demandé aux pêcheurs français de démontrer qu’ils pêchaient autour de l’île avant le Brexit s’ils voulaient bénéficier des nouveaux quotas. Cette demande, quasi impossible à satisfaire, a rendu furieux les pêcheurs français qui ont lancé des manifestations notamment autour de Jersey en rassemblant une cinquantaine de bateaux de pêche arborant le drapeau tricolore. La réaction du gouvernement anglais a été immédiate : deux patrouilleurs ont été envoyés… et Paris a répondu immédiatement en envoyant aussi ses patrouilleurs. Cette manifestation illustre bien la grande tension entre la France et l’Angleterre sur les droits de pêche. Mais ce n’est pas tout. L’application du traité pose d’autres problèmes puisqu’on reproche à Londres d’attribuer trop peu de licences aux professionnels français. C’est pour cette raison que Paris a saisi la commission européenne.
Les pêcheurs français, quant à eux, continuent leur combat. Ils ont bloqué trois ports français et le tunnel sous la Manche en signe de protestation. À suivre…