Du même recueil :  rondel de l’adieu  ∣  argument   ∣   les plus beaux vers   ∣   le pèlerin


Argument – Edmond Haraucourt

 

Ainsi prêt à l’amour, il attend, et soudain, il
comprend qu’il aime : pour sa douleur, sans doute,
car celle qu’il dut involontairement choisir est
trop haut pour l’apercevoir. N’importe ! Il s’extasie
dans la gloire d’aimer, s’abîme dans un culte,
roule dans un vertige, et, fou de sa nouvelle
ivresse, ne se reconnaît plus en lui-même.
Il chante l’adorée en de longues litanies qu’elle
n’entendra point : il est seul, mais sa solitude
maintenant lui est douce, car il la peuple d’une
idée, et, jour et nuit, l’absente l’accompagne. Elle
vit en lui, il vit par elle : il l’a revêtue de tous les
charmes souhaités, et ce n’est plus une femme ou
une enfant, mais l’idole dont il devient le prêtre
agenouillé, et qu’il ne faudra pas flétrir.

 


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