A : Quand tu penses à Maria Callas, quel mot te vient à l’esprit en premier ?
B : Je pense à Diva, sans aucun doute. Mais attention ! Pas n’importe laquelle. Pour moi, la Callas, c’est la reine de l’opéra, une véritable déesse sur scène, un personnage iconique.
A : Yves Saint-Laurent la décrivait comme un grand aigle solitaire. Son impact a été si puissant qu’elle a éclipsé toutes celles qui l’ont suivie.
B : Tu veux dire qu’il y a un avant et un après Maria Callas ?
A : Oui, sa présence était absolument divine. Et sais-tu que son premier contact avec la musique a été fortement marqué par la musique française ?
B : Vraiment ? Comment cela ?
A : Elle a étudié à l’origine avec Maria Trivella au Conservatoire national de Grèce, qui adorait la musique française. Callas a été captivée par Bizet, notamment par Carmen, qui a été déterminante pour sa carrière.
B : C’est fascinant ! Et ensuite, elle a été initiée au Bel Canto italien, n’est-ce pas ?
A : Exactement. Sa seconde professeure, Elvira de Hidalgo, lui a fait découvrir le grand opéra italien. Mais Maria n’a jamais vraiment abandonné ses premiers amours musicaux français.
B : Parle-moi de ce concert italien qui avait scandale un soir de janvier 1958.
A : Ce concert a été un vrai tournant pour elle. Un échec. Elle devait chanter Norma de Bellini, un rôle qu’elle connaissait par cœur et qu’elle adorait.
B : Et tout avait bien commencé, non ?
A : Elle était aux côtés du grand Franco Corelli et tout semblait réuni pour une soirée mémorable. À l’époque la cantatrice était déjà connue dans le monde entier. Elle venait de rencontrer celui qu’elle pensait être l’amour de sa vie.
B : Aristote …
A : Aristote Onassis, le milliardaire et son célèbre yacht avec qui Jackie Kennedy s’est remariée par la suite. Alors ce fameux soir de janvier, elle devait chanter en l’honneur du président italien. Mais ça ne s’est pas passé comme prévu. Ça faisait plusieurs jours qu’elle n’allait pas bien, elle se sentait mal, sa gorge la picotait…
B : Et malgré ça, elle a voulu monter sur scène.
A : Oui, mais après avoir terminé le premier air, elle a senti qu’elle ne pouvait plus continuer, que sa voix n’allait pas tenir. À la fin de l’acte I, elle a quitté la scène et elle n’est pas revenue.
B : Cela a dû être un moment incroyablement difficile pour elle.
A : Le public a mal réagi. Les gens étaient furieux.
B : Et il n’y avait personne pour la remplacer ?
A : Non, l’opéra a dû annuler le reste de la représentation. C’était un scandale énorme. C’est juste inconcevable en Italie d’assister à un opéra sans en voir la fin. Elle s’est enfermée dans sa loge où elle est restée cloîtrée pendant des heures, trop effrayée de sortir et de faire face à la colère du public. Elle a fini par se réfugier à son hôtel, où elle est restée confinée encore un moment.
B : Cela a dû être éprouvant, surtout avec toute la pression médiatique autour.
A : Absolument, les journaux italiens ont été impitoyables. Mais malgré cela, elle s’est présenté ses excuses au Président de la République, qui les a acceptées. Elle s’est ensuite rendue à Paris où elle a donné un récital qui fut un triomphe. Le président René Coty était là, et elle a donné son cachet aux œuvres de la Légion d’Honneur. Elle disait que les Français étaient les seuls à avoir tenté de comprendre ce qui lui était arrivé après son affaire de Rome.
B : Quelle grande artiste ! Et elle a continué à enregistrer de la musique française plus tard ?
A : Absolument. En 1961, elle a commencé à travailler avec Georges Prêtre, et ensemble, ils ont enregistré deux albums de musique française qui ont reçu un accueil enthousiaste.
B : Et son interprétation de Carmen est légendaire, n’est-ce pas ?
A : Oui, c’est une référence pour les mélomanes. Elle avait travaillé ce rôle de Carmen sur le yacht d’Onassis et a offert une interprétation unique qui évitait tout mélodrame. Elle n’aimait pas vraiment Carmen en tant que personne, trouvant son comportement trop viril, mais elle adorait la musique de Bizet.
B : Et tu sais comment s’est terminée sa carrière ?
A : Tragiquement, sa dernière performance a eu lieu au Théâtre des Champs-Elysées en 1973. Elle sentait que sa voix s’éteignait. Elle est restée à Paris jusqu’à sa mort en 1977. Son dernier souhait était de mourir en silence, comme elle l’avait chanté dans Carmen.
🔷 Vocabulaire
- diva: chanteuse célèbre et talentueuse, souvent à l’opéra.
- iconique : se dit d’une personne ou d’une chose célèbre, facilement reconnaissable, ayant une place importante dans l’imaginaire populaire.
- éclipser : Ici, qui efface les autres, qui fait oublier les autres par son talent.
- divin : Extraordinaire, magnifique, presque comme un dieu ou une déesse.
- captivé: Très intéressée et attentive, presque comme si on était capturé par l’intérêt.
- déterminant : Très important, ayant un grand effet sur les événements futurs.
- initié : Commencée ou introduite à quelque chose de nouveau, ici, à un style de musique.
- bel Canto : Un style de chant d’opéra italien qui met l’accent sur la beauté de la voix.
- picoter : sensation d’irritation légère dans la gorge.
- répertoire : ensemble des œuvres ou des morceaux qu’un artiste interprète.
Éléments biographiques
Maria Callas, née Maria Kalogeropoulos le 2 décembre 1923 à New York et décédée le 16 septembre 1977 à Paris, est une soprano grecque célèbre pour sa voix puissante et un jeu de scène d’exception.
Callas déménage avec sa famille en Grèce à l’âge de 13 ans et y étudie le chant au conservatoire d’Athènes. Elle acquiert une renommée mondiale dans les années 1950 et 1960, brillant particulièrement dans les opéras de Verdi, Puccini et Bellini. Surnommée « la Divina », elle révolutionne le monde de l’opéra par sa capacité à interpréter des rôles complexes et exigeants, tant vocalement qu’émotionnellement.
Tout au long de sa carrière, sa vie personnelle attire l’attention des médias, notamment sa relation tumultueuse avec le milliardaire Aristote Onassis. Elle meurt prématurément d’un arrêt cardiaque alors qu’elle était dans son appartement à Paris.
🍀 ACTIVITÉS 🍀
🔷 QCM (Questionnaire à Choix Multiples)
1. Quelle était la première influence musicale importante de Maria Callas ?
– A) La musique française
– B) Le jazz américain
– C) L’opéra allemand
– D) La musique pop britannique
2. Que s’est-il passé lors du concert de Maria Callas en janvier 1958 ?
– A) Elle a été acclamée pour sa meilleure performance
– B) Elle a dû quitter la scène après le premier air
– C) Elle a reçu une ovation debout après chaque air
– D) Rien d’inhabituel, le concert s’est déroulé normalement
3. Avec qui Maria Callas a-t-elle enregistré deux albums de musique française ?
– A) Luciano Pavarotti
– B) Georges Prêtre
– C) Enrico Caruso
– D) Franco Corelli
4. Comment Maria Callas percevait-elle le personnage de Carmen ?
– A) Comme un exemple de féminité
– B) Avec admiration pour son indépendance
– C) Comme trop viril et peu attrayant
– D) Elle n’avait aucune opinion particulière
🔷 Vrai ou Faux
- Yves Saint-Laurent a comparé Maria Callas à un grand aigle solitaire.
- Maria Callas a étudié initialement avec une professeure qui n’aimait que l’opéra italien.
- Le scandale du concert de janvier 1958 s’est produit en l’honneur du président américain.
- Sa dernière performance a eu lieu en 1977, l’année de sa mort.
